«J’ouvre ici le 22 janvier 2022 l’Étiquette et la Catégorie « Retraités » à côté de tous les autres corps de l’Éducation Nationale défendus par notre syndicat, et qui singulièrement ne figuraient pas sur le Portail de snfolc67.
Bien que les plus « néanderthaliens » comme moi (pas loin de 69 ans) aient par exemple déjà perdu en 2003 un mois complet de salaire pour motif de grève contre la « Loi Fillion sur les retraites« , et bien que FO ait été engagé contre la réforme Macron des retraites de 2020-21, il n’y avait pas avant ma proposition à l’AG du 21 janvier 2022 en tant que membre du Conseil Syndical départemental la catégorie concernant les Retraités de l’Éducation Nationale.
Certes, les retraités s’en sont allés dans un autre monde dans lequel la visibilité de leur condition n’est repérée et constatée que par les leurs.
Mais je voudrais que cette Étiquette-Catégorie « Retraités » figure à la page d’accueil de notre site web, comme un « Mahnmal« , un monument d’avertissement. Je ne peux évidemment pas utiliser la traduction française officielle de ce terme allemand, faisant toujours partie de ce monde encore pour longtemps.
Pourquoi ce Mahnmal? C’est très simple. Nous pouvons dire que l’État jubile d’avoir laissé un équivalent « réforme des-retraites » s’installer dans l’Éducation Nationale automatiquement et sans Loi sur la réforme des retraites et en plus sans avoir eu à affronter un zeste d’opposition.
En effet, 15 années de congélation du point d’indice entrainent de facto une retraite congelée/dévaluée encore au moins 25 années plus tard, selon l’espérance de vie restante des retraités.
Pour le personnel de l’Éducation Nationale, après ces 15 premières années du gel du point d’indice des salaires, s’ajoutent encore 25 années de punition et de retenues supplémentaires.
Le personnel de l’Éducation Nationale, du Service Public, se voit donc infliger directement par l’État, au moins 40 années de retraits-saisies sur salaire et sur pension.
Cette Étiquette-Catégorie « Retraités » à côté de tous les autres corps sur notre portail web, a donc cette fonction essentielle et vitale pour tous les actifs de leur faire comprendre que depuis 15 ans l’indétermination, la pusillanimité des actifs face aux revendications salariales et au rattrapage de la valeur monétaire du métier, puis face à sa revalorisation, entrainera un maintien au plus bas de la valeur de la pension.
A mes yeux il y a comme une culpabilité des actifs de ne pas être déterminés face à l’exigence du respect absolu de la valeur monétaire et morale de notre métier, culpabilité qui a un double effet de rouleau-compresseur, celui de l’écrasement des salaires et celui – avec effet de levier – de l’écrasement des pensions.
Les salaires ayant perdu entre 22 et 25 % en 15 ans, les retraités ne touchent donc jusqu’au jour de leur dernier souffle que 75% du dernier salaire amputé de 25%. Et ceci va en s’aggravant.
Il en va de la dignité de tous. Rappelons que le seul objectif d’une « réforme » des retraites est d’amputer une énorme partie de la pension. Ceci a encore été plus flagrant avec la « Réforme des retraites » de l’actuel président en poste de la République, qui prévoyait tout simplement le transfert des 330 milliards du portefeuille destiné au paiement des retraites à BlackRock, ce gestionnaire privé américain d’actifs financiers.
Nous avons vu avec la crise financière de l’année-Lehman 2008, dont les effets destructeurs ne sont toujours pas effacés 14 ans plus tard, que tous les fonds de pension aux USA ont fait faillite et que les seniors américains doivent reprendre plusieurs petits boulots, c’est à dire des boulots ubérisés sur des plateformes, ou doivent livrer des saucisses chaudes à vélo jusqu’à 80 ans ou plus, etc.
Les actifs de l’Éducation Nationale se verront une fois – quand l’inflation et la dépréciation monétaire seront vraiment invivables – vaguement augmenter de quelques thalers leur salaire, juste ce qu’il faut pour qu’il se taisent de nouveau pour au moins 10 à 15 années de plus. L’État peut compter sur ses salariés.
Un syndicat ne peut jamais faire plus que ses syndiqués ou que les corps de métiers qu’il défend. Tout actif doit se prendre en main et se mobiliser. A côté de mes termes de « indétermination » et « pusillanimité » que j’ai utilisés plus haut j’ajoute celui d’irresponsabilité. Il en va de la responsabilité de tout actif, dès le premier jour d’entrée dans la carrière, de se mobiliser, de lever sa tête, de garder son regard bien droit face à l’employeur, car s’il ne le fait pas il en subira lui-même les conséquences durant TOUT son déroulé de carrière et durant toute sa retraite. En faisant le calcul, il se punira lui-même 42 années + 25 années de retraité, donc 67 années au moins. Quelle vie !
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Pour la mobilisation de tous et pour consolider notre Weltanschauung – vision du monde, je vous livre (sans vélo ubérisé) encore 4 points à apprendre par cœur.
A la prochaine manife du 27 janvier 2022 et aux suivantes je fais une interro en déambulatoire et youpala aux Travailleurs distanciés, présentiés, détachés et conspués par les autorités de tutelle.
1) Je vous donne ici un éclairage macro-économique pour faire renaitre et consolider la détermination à la mobilisation… mais pas juste à la mobilisation pour la grève bisannuelle, fixée chaque fois à une date différente en fonction de chaque syndicat en France. Sachez, que cette fois-ci nous allons affronter une inflation galopante… à 2 chiffres. Si l’on regarde le site financier Bloomberg nous voyons que le tarif sur les 21 routes maritimes de la planète du transport des matières première, le BDI – Baltic Dry Index, a augmenté de… 1400 % de octobre 2020 à novembre 2021, ce qui signifie qu’à partir de maintenant, cette inflation stratosphérique va être répercutée sur les produits finis et sur le prix du détail. Chacun le constate depuis longtemps même pour les fruits et légumes. Chacun devra donc galoper après les prix qui ne cessent d’augmenter.
2) Au passage je vous informe que l’Europe, au travers de son outil « indépendant » la BCE, a racheté de 2008 jusqu’à aujourd’hui aux banques des milliards d’€ de dettes pourries uniquement issues de leur spéculation financière criminelle sur des produits financiers dérivés. Il y a eu depuis 2008 et il y a encore aujourd’hui en 2022 mensuellement la poursuite de ces plans de rachats – sur le dos des habitants de l’Europe – avec plus d’une vingtaine de ces plans appelés officiellement « Bazooka« , « Grosse Bertha« , ou TARP, TALF, PPIP, etc… Plans de Sauvetage et de Relance, Quantitative Easings, facilitations quantitatives, assouplissements monétaires… Pour ceci la BCE a violé ses statuts et s’est sortie elle-même depuis 2008 des Traités européens. Elle s’est octroyée toute seule son opt-out face à toute législation européenne.
3) Ont donc déjà été rachetés aux banques strictement SANS condition et SANS réglementation pour plus de 17.000 milliards d’€ de leurs dettes toxiques, pourries et irrécouvrables issues des produits financiers dérivés. Une tentative de réglementation appelée « Bâle III » est prorogée en réalité d’une année sur l’autre depuis 2008. Michel Barnier, ancien Commissaire européen, ancien pré-candidat à la présidentielle 2022, actuel soutien de Valérie Pécresse et qui reprend à son compte le terme de « Kärcher« , avait annoncé en sa qualité de Commissaire Européen dans son Communiqué officiel du 16 juin 2012 que l’Europe avait déjà racheté à cette date il y a 10 ans sans condition pour plus de 4500 milliards d’€ de dettes pourries aux banques. Le PIB de l’EU est de 14.000 milliards d’€. Par contre aujourd’hui en 2021-2022, la BCE, Christine Lagarde, les 27, le Conseil européen refusent une intervention comme le stipule le statut de la BCE pour que l’inflation ne dépasse pas les 3%. Elle est déjà de 6 à 12% dans l’EU, de Séville à Tallinn, en Allemagne elle atteint déjà le niveau de l’inflation des années 50. Et ce Conseil Européen et les 27 ont adopté le 19 août 2020 un minuscule Plan de Relance de 750 milliards d’ € financé, lui, avec des PRÊTS et de multiples coupes budgétaires dans tout le Budget de l’EU. Les banques ont déjà encaissé gratuitement et sans obligation de remboursement, ni conditions ni exigences de l’EU depuis 2008 plus de 17.000 milliards pour couvrir leur spéculation financière pourrie, mais les habitants des 27 doivent financer eux-mêmes ce « Plan » de relance anti-covid. En 2022 les banques systémiques sont… toujours en faillite technique et ont amplifié gravement leur spéculation financière sur les dérivés financiers.
4) En Allemagne, il y a à chaque automne une négociation tarifaire dans le cadre de la Tarifautonomie garantie par la Loi Fondamentale allemande, la Constitution. Ainsi, le 2ème plus grand syndicat du monde avec plus de 1,3 million d’adhérents, le dbb – Deutscher Beamten Bund – le syndicat des fonctionnaires, a obtenu en novembre 2021 sans grève ni manifestation… une prime Covid de 1300,- € par employé nets d’impôts et de cotisations ET une augmentation de 2,8 % du salaire qui entrera en vigueur selon chaque Land en 2022. Le 1er syndicat le plus grand du monde est aussi en Allemagne, c’est IGM – IG Metall. Quand en Allemagne les Travailleurs obtiennent des augmentations à 3, 5 ou 8% pour les 10 à 14 mois à venir, en France, si on en obtient, ce sont 0,5% répartis sur 3 ans. Le Travailleur de notre pays n’est pas plus indigne que le Travailleur de l’autre côté du Rhin.»
Thomas RUDOLF, professeur d’Allemand retraité