Camarades,
Le SNFOLC Alsace vous présente ses meilleurs vœux 2023. Nous commençons cette année avec la satisfaction d’avoir gagné des voix aux élections professionnelles, tant au niveau local que national. Cette progression, face à l’échec du triumvirat FSU-CFDT-UNSA, montre que les collègues en ont assez des compromissions ! Cette progression, notre progression, car c’est grâce à la mobilisation de tous et toutes que nous avons obtenu ces résultats, confirme la première place de FO, « syndicat de la fiche de paie », syndicat de la lutte pour les droits sociaux, dans la fonction publique d’Etat. Cela indique que nous, fonctionnaires, souhaitons un syndicat revendicatif tant au niveau collectif qu’individuel. Et des revendications, nous en avons à partager ; des luttes nous en avons à mener.
D’abord concernant nos conditions quotidiennes de travail :
- du collège au lycée, nous demandons des moyens, c’est-à-dire des ouvertures de postes, pour des conditions d’enseignement efficaces. Alors que notre enquête de début d’année relevait que 57% des collègues constatent des classes surchargées et que 29% d’entre eux dénoncent les postes non pourvus ou non remplacés, le ministère annonce près de 1200 suppressions de postes à la rentrée 2023. Dans le second degré, c’est 481 postes supprimés pour 840 élèves en moins, soit 1 poste supprimé pour 2 élèves.
- Autre épée de Damoclès au-dessus de nos têtes : les PPCR, PLE et autres évaluations d’établissement qui rendent toxiques les relations avec la hiérarchie, avec les collègues, avec les élèves et les parents ! FO s’est toujours positionnée contre ces plans qui ne visent qu’à attaquer nos statuts, ralentir nos carrières, remettre en question notre autorité de fonctionnaire et de spécialiste de notre métier. Mais ces gouvernements qui veulent détruire le service public de l’éducation s’entêtent, comptant sur la complicité et le zèle de certains… Le résultat, c’est un manque de motivation des collègues, des rentrées scolaires de plus en plus improvisées et un mal-être généralisé.
Ce mal-être se lit aussi chez les élèves. En effet, la pandémie du coronavirus a révélé, au delà de la sphère des professionnels de l’éducation, tous les dysfonctionnements de l’EN et tous les dangers de ses réformes :
- la réforme du bac et l’arrivée de Parcoursup ont transformé le lycée en course aux examens, à grand renfort de bachotage et de contrôle continu, soumettant les élèves et les professeurs à l’angoisse de boucler le programme puis à celle de gérer les classes – groupes en fin d’année, c’est-à-dire au mois de mars… En instaurant de fait une concurrence entre établissements, et une « ségrégation scolaire, sociale et genrée » (INSEE, 2021) Parcoursup creuse les inégalités sociales à l’école, domaine où la France est tristement championne de l’OCDE. Si aujourd’hui cet échec est visible aux yeux des organisations de jeunesse, des parents et du grand public en général, nous dénoncions ces réformes depuis le début et avons lutté en étant très peu soutenus. C’est pourquoi nous continuons à revendiquer le retour au bac comme diplôme national, anonyme, en contrôle terminal, car la défense des diplômes, c’est la défense des salaires.
- La réforme prévue du collège, que le ministre Ndiaye appelle « L’homme malade du système », est symptomatique de cette casse acharnée de l’école publique : les premières annonces du ministre évoquent la suppression d’heures de technologie tout en proposant aux collègues d’enseigner autre chose que leur discipline (le français ou les maths, qui pourraient aussi être prises en charge par des professeurs des écoles ou des professeurs documentalistes qui n’ont bien sûr pas assez de travail) ! Au lieu de pallier la pénurie d’enseignants dans les disciplines, le ministère invente des cache-misères en supprimant des heures : après les maths au lycée, la technologie au collège, les lettres classiques seront peut-être les suivantes ? Le même ministre annonce une demi-journée hebdomadaire en entreprise et l’intervention de celle-ci auprès des élèves : moins d’heures pour les professeurs et petit à petit une reconversion forcée, on fait aisément le parallèle avec les attaques contre la voie pro scolaire…
Puisque s’attaquer à l’avenir des plus jeunes ne suffit pas, le gouvernement tente, à nouveau, de restreindre notre possibilité de jouir de notre droit à la retraite. Alors que le point d’indice ne connaît pas les effets du réchauffement climatique, alors qu’on nous promet des augmentations de salaire qui ne sont que des jeux de dupes, dans un contexte historique d’inflation, le gouvernement ressort de son chapeau une réforme qui conduirait à une paupérisation des personnes retraitées et à une dégradation de leur état de santé physique et mental :
- en effet, comment travailler jusqu’à 65, 66 voire 67 ans quand les tergiversations et les contre-réformes rendent notre travail chaque jour plus épuisant ?
- Comment prétendre promouvoir l’école inclusive quand on confine les AESH à une précarisation qui va les pénaliser plus fortement au moment de la retraite ?
- On se gargarise de lutte pour la parité alors que les femmes, qui forment la majorité du corps enseignant et qui, sous le poids social et culturel, sont celles qui, en majorité, prennent un congé parental et doivent, sur une partie de leur carrière, choisir le travail à temps partiel seront fortement pénalisées par la décote !
- On fait des job datings qui s’apparentent plutôt à des blind date pour séduire des personnels contractuels qui seront d’abord exploités et usés puis lésés à l’aube de la mort…
S’ajoute à cela, un ministre qui remet en question notre droit à la mutation et répand des contre-vérités sur l’attractivité du métier que seule lui et ses prédécesseurs ont contribué à ternir. Et pour ne rien gâcher à la fête, voilà-t-il pas que des anciennes professeures ayant entretenu des relations avec leur élève mineur deviennent des ministres de l’éducation suppléantes pour relayer des idées issues de l’autoritarisme le plus primaire… L’Ecole n’a pas besoin de déguisement, les fonctionnaires n’ont pas besoin des leçons népotiques d’une femme de…qui a manqué d’éthique en son temps et qui n’a jamais enseigné dans les conditions qui concernent la grande majorité d’entre nous. A ce cynisme et à ce bal de guignols, nous ne pouvons que répondre par le maintien de toutes nos revendications : salaire, retraite, conditions de travail !
Les colères sont nombreuses et les mobilisations nécessaires. Si nous sommes à FO c’est parce que nous en avons conscience : voilà pourquoi le 19 janvier et tant que nécessaire, nous ferons grève pour défendre les retraites ! Voilà pourquoi notre indépendance nous permettra de nous opposer à tous ceux et toutes celles qui souhaitent attaquer les valeurs sociales de la République.
Vive la lutte syndicale, vive FO et vive le SNFOLC