Réforme du « choc des savoirs » : les professeurs documentalistes pourront-ils encore enseigner ?

Détenteurs d’un CAPES Documentation créé en 1989, les professeurs documentalistes sont des
enseignants à part entière, « enseignant et maître d’œuvre de l’acquisition par tous les élèves d’une culture de l’information et des médias » comme l’indique leur circulaire de mission et ils ont été formés pour cela. Pourtant aucun volume horaire n’étant officiellement défini, ceux-ci doivent généralement négocier avec leur direction et avec leurs collègues, convaincre de la légitimité de leurs interventions et de leurs choix pédagogiques, pour assurer des heures d’enseignements. Et quand ils y parviennent, ils doivent encore se battre pour faire appliquer le décret 2014-940 selon lequel 1 heure d’enseignement doit être décomptée comme 2 heures de service.

Alors que les professeurs documentalistes peinent déjà à obtenir des créneaux pour mener des séances
pédagogiques avec des classes ou des groupes et font déjà trop souvent fonction de « bouche trou », la complexification des emplois du temps avec la mise en place des groupes de niveaux en français et en mathématiques risque d’en diminuer encore les possibilités.

Le choc des savoirs est aussi une atteinte à une autre de leurs missions qui est d’être « acteur de l’ouverture de l’établissement sur son environnement éducatif, culturel et professionnel ». Dans les faits cela se traduit par la conduite et la participation à de nombreux projets au sein des établissements. Or, les groupes de niveaux vont être un frein à tous les projets de classe à l’année.
Comment alors assurer une progression en EMI et en IRD de la 6e à la 3e? Comment continuer à mettre en place des projets interdisciplinaires, pédagogiques et culturels avec des classes à l’année ? Se dirige-t-on vers un prof-doc « AED de luxe », faisant garderie toute la journée, sans possibilité d’assurer ses missions pédagogiques ?

Les revendications des professeurs documentalistes rejoignent celles de tous les enseignants :

  • Suppression du pacte, octroi de la prime informatique et rémunération de toutes les heures pour missions diverses à la même hauteur que les professeurs certifiés des autres disciplines (Devoirs faits, HSE, indemnité PP…)
  • Application du décret 2014-940 : 1 heure d’enseignement décomptée comme 2 heures de service
  • Respect du statut, droit à la formation continue sur le temps de travail, non aux formations hors temps de travail
  • Défense et respect de la spécificité de leur discipline, avec les moyens de mettre en œuvre les missions
  • Recrutement de professeurs documentalistes en nombre suffisant
  • Un corps d’inspection spécifique et la création d’une agrégation
  • Augmentation du point d’indice pour rattraper les pertes de pouvoir d’achat subies depuis 2000 sans délai, sans contrepartie!
  • Abrogation de la réforme dite du « choc des savoirs » et des groupes de niveaux.

Le communiqué intégral :