Au lendemain de l’attaque terroriste islamiste qui a coûté la vie à notre collègue Dominique Bernard et au cours de laquelle deux autres collègues ont été gravement blessés, nous avons une pensée forte pour les familles, les proches, les personnels et les élèves de la cité scolaire Gambetta d’Arras.
Le SNFOLC Alsace leur adresse tout son soutien et partage leur effroi et leur stupeur face à un nouvel acte barbare qui vient endeuiller notre profession.
Le Ministre de l’éducation nationale a très vite pris la parole, d’abord pour demander aux recteurs de renforcer la sécurité des écoles et des établissements scolaires. Demande qui ne l’engage guère et qui risque de n’être suivie que de peu d’effets, puisque la sécurité est d’abord assurée par le bâti – un grand nombre d’établissements ne sont pas conçus pour empêcher des intrusions – dont la gestion appartient aux conseils départementaux et régionaux et non pas aux rectorats. La disparition des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), à laquelle FO s’est opposé, ne facilite pas l’analyse des besoins localement.
La sécurité repose ensuite sur les personnels, sur les enseignants dans les écoles, et sur les AED et les CPE dans les collèges et les lycées. Seulement ces derniers sont en nombre largement insuffisant pour filtrer les entrées des établissements de manière efficace, ou pour, comme l’exige le ministre, contrôler systématiquement les identités et les sacs – on rappelle que seuls les officiers de police judiciaire ou les gendarmes sont habilités à le faire.
Enfin, même en se mettant en lien avec les préfectures, les rectorats ne pourront assurer que les forces de l’ordre puissent être constamment présentes aux abords des établissements ; et ce n’est pas en déployant ponctuellement 1 000 personnels de prévention et de sécurité du ministère que cette présence sera assurée, puisque ce sont près de 60 000 établissements qu’il faut couvrir sur l’ensemble du territoire.
Ensuite, à l’intention des personnels, Gabriel Attal a estimé à juste titre que les cours ne pourraient pas reprendre normalement lundi matin et a décidé de banaliser les deux premières heures, de 8h à 10h, pour permettre un temps d’échange et de communion.
Deux petites heures, trois ans jour pour jour après l’attentat dans lequel Samuel Paty avait lui aussi perdu la vie, et alors même que l’on constate que dans de très nombreux établissements rien ou presque n’avait été prévu pour honorer la mémoire de notre collègue.
Deux petites heures, dont ne pourrons même pas bénéficier les professeurs des écoles, qui devront attendre la pause méridienne pour avoir une chance de se décharger eux aussi en partie d’un lourd poids émotionnel.
Deux petites heures dont ne pourront pas non plus bénéficier les AED, alors qu’ils sont tout autant sous le choc, car le Ministre, tout en décrétant que ce lundi devait être une journée de solidarité vers les enseignants, a surtout tenu à « ne pas complexifier l’organisation » des familles et assurer un « accueil minimal » des élèves dès 8h malgré tout. Ce sont les AED qui devront gérer cet accueil qui risque fort d’être tout sauf minimal dans plusieurs établissements, en particulier ceux qui dépendent fortement des transports scolaires.
Deux petites heures dont de nombreux agents ne pourront souvent pas non plus profiter, alors même qu’un des leurs a été blessé vendredi dans cet attentat, en s’interposant avec courage face à l’assaillant.
Deux petites heures décrétées à la va-vite, faisant reposer leur organisation complexe sur les chefs d’établissement en un week-end, ce qui ne sera pas sans leur rappeler les changements de protocole inopinés par voie de presse pendant la période COVID.
Une journée de solidarité réduite à deux petites heures et une minute de silence.
Le SNFOLC Alsace regrette ce temps bien court, trop court, qui a peu de chances de permettre d’organiser dignement des moments de recueillement et de communion, entre adultes mais pas seulement, puisque le Ministre demande à ce que soit organisé le jour même « un temps de réflexion » avec les élèves.
Dans l’ensemble le SNFOLC Alsace déplore une communication ministérielle qui laisse entendre que la sécurité sera dorénavant renforcée alors qu’aucun engagement n’a été pris pour protéger réellement les personnels et les élèves au sein des établissements. Nous entendons les appels de la part du Ministre à la solidarité avec les enseignants, mais nous notons que les revalorisations salariales qui leur avaient été promises n’ont pas eu lieu, que la politique de suppressions de postes se poursuit à travers le projet de loi de finances, et que les représentants des organisations syndicales représentatives ont été particulièrement méprisés en commission à l’Assemblée Nationale.
Le SNFOLC Alsace se porte aux côtés de tous les personnels en ces instants douloureux ; nous serons présents lors des rassemblements devant les mairies prévus lundi et mardi, en mémoire à tous nos collègues morts d’être enseignants.